Paméla, quelles ont été les motivations initiales derrière la création de Frap’à Dom, et comment cette idée a-t-elle évolué au fil des années ?
J'ai obtenu mon BTS assistante de direction en 2005 à Marseille et sachant que nous avions pour projet de quitter la région pour revenir en Anjou (d'où je suis originaire), je ne souhaitais pas signer de CDI. j'ai donc cumuler les missions intérims et CDD sur tous les postes administratifs possible. Ce fût très enrichissant!
Un jour, la boîte d'intérim m'envoie en mission chez un serrurier qui ne faisait ses factures qu'une seule fois par mois. Je me suis dit qu'il y avait quelque chose à tenter mais j'étais jeune et j'ai mis cette idée de côté.
De retour dans le Maine-et-Loire, après plusieurs expériences, l'idée revenait régulièrement.
La création du statut d'autoentreprise en 2009 a accéléré ma réflexion et je me suis lancée seule dans un premier temps en tant qu'indépendante.
En 2018, j'avais toujours autant de demandes, voire plus mais toujours que deux bras ;).
Je me suis rapprochée de la DIRECCTE afin de savoir sous quelle forme je pouvais avoir des salariés détachés dans d'autres entreprises et alors la personne m'a parlé du temps partagé. C'était parti !
Au cours de ces 15 années, comment avez-vous vu le modèle de travail à temps partagé s’adapter et répondre aux besoins changeants des petites entreprises ?
Je travaille beaucoup avec des petites structures qui, avant, étaient très familiales notamment avec mari et femme travaillant ensemble.
Aujourd'hui, j'ai l'impression que c'est de moins en moins vrai et ce temps administratif est revenu sur les épaules du gérant seul.
Pour autant, ils n'ont parfois pas assez de volume de travail pour une assistante à temps plein et la solution que nous proposons vient pallier ce problème car nous pouvons intervenir sur des courtes périodes. Cela satisfait le besoin du client, le travail est fait, l'administratif est suivi et lui, peut se concentrer sur son cœur de métier.
Il y a aussi les simplifications administratives de la part de l'Etat qui ne sont pas si simplifiées que ça !
Pas mal de nos clients nous demandent de gérer telles ou telles déclarations car ils n'en ont pas envie. Je pense que le système rend les dirigeants de plus en plus phobique de l'administratif.
Pour la comptabilité, c'est un peu pareil. Avant les Cabinets comptables faisaient tout: de la saisie au bilan. Désormais, ils s'ouvrent de plus en plus à ce que la saisie et la TVA soient réalisées en interne.
Pouvez-vous nous partager un exemple concret, comme celui de l'artisan plombier, qui montre comment vos services ont transformé les opérations quotidiennes d'une petite entreprise ?
Deux de mes salariées travaillent pour des bureaux d'étude, tous les salariés sont considérés comme force de production et le gérant se retrouve à gérer l'administratif dont les appels d'offres, la facturation et bien sûr les relances pour impayés! C'est très chronophage!
Une assistante rigoureuse et organisée sait équilibrer son temps pour réaliser ces tâches et soulager efficacement le client. Elles ne travaillent que 2 jours par semaine pour eux mais sont parfaitement intégrées et respectées. Elles sont même parfois très attendues lorsqu'il y a une surcharge temporaire de travail car on arrive toujours à trouver une solution ! Ces contrats sont déjà en place depuis maintenant 2 ans et cela fonctionne très bien.
Vous mentionnez que Frap’à Dom prône une approche humaine et une dynamique familiale. Comment cela se traduit-il dans vos relations avec vos clients et vos collaborateurs ?
Côté clients, cela commence dès le premier contact je pense. Je suis plutôt simple et abordable. J'essaie de convenir d'un rdv en présentiel très rapidement pour aller me présenter et si l'urgence fait que ce n'est pas possible, j'organise une entrevue rapidement après le début du contrat pour aller rencontrer mon interlocuteur. Le fait de me présenter réchauffe la relation je trouve. Il est plus facile de se parler ensuite.
Puis en cours de mission, s'il y a des imprévus, des modifications de jours de présence par exemple ou des demandes particulières, je suis à l'écoute et essaie de satisfaire au mieux le client.
Côté salarié, il faut partir du principe où les salariés ne se connaissent pas de prime abord. J'organise deux dîners par an afin de nous réunir et partager nos expériences ce qui fini souvent également par évoquer nos vies et tomber les masques. Il n'y a alors plus de dirigeant / salarié mais bien une relation d'égal à égal. On a tous à apprendre de l'autre.
Pour la mise en relation, on a Teams aussi avec son canal partagé sur lequel ont peut faire du partage de conseils entre autre.
On se tutoie toute également ! Je pense qu'aucune de mes salariées n'a peur de me demander quelque chose aujourd'hui et c'est important. Je veux qu'elles se sentent libre de venir vers moi pour quoi que ce soit.
Avec l'introduction du modèle de travail à temps partagé en 2019, quels défis avez-vous rencontrés pour convaincre les entreprises de l'adopter, et comment les avez-vous surmontés ?
Ma première contrainte a été que mes premiers clients en travail partagé étaient mes anciens en tant qu'indépendante. J'en ai gardé quelques uns mais j'en ai aussi délégué et au départ ils étaient réticents car ce n'était pas moi.
Ils y a eu aussi à convaincre que ce n'est pas de l'interim. Je veux dire que les salariés sont en CDI chez nous et que si je mets un ou une salarié chez un client, tant que personne ne rompt le contrat, ce sera toujours les mêmes protagonistes. Vous ne voyez pas Chantal en semaine paire et Pascal en semaine impaire.
La peur de la concurrence également car les clients savent que mes salariées vont dans d'autres structures. J'essaie de ne pas cumuler les missions sur les mêmes activités et si cela doit se faire, tout le monde est au courant. De plus, les contrats de travail des salariés contiennent une clause de confidentialité.
Envisagez-vous d'étendre les services de Frap’à Dom au-delà des petites entreprises vers des marchés publics ? Si oui, comment prévoyez-vous de le faire tout en maintenant votre approche personnalisée et communautaire ?
Je commence effectivement à consulter les appels d'offre.
C'est une vraie question à laquelle je suis en train de réfléchir car j'aime le modèle de ma structure actuelle. C'est un nouveau défi.
J'ai déposé la marque Frap'à Dom dans une première réflexion qui portait sur une franchise mais je vais devoir étudier tout cela.
Je me suis toujours plus ou moins laissée porter mais là il va être question de reprendre la barre et surtout de la maintenir.
J'ai désormais une assistante au bureau pour m'aider sur la partie administrative de Frap'à Dom (et oui pour nous aussi!), mais peut-être faudra-t-il envisager le recrutement d'une personne en RH. C'est une autre piste à explorer.
Quelles sont, selon vous, les clés pour offrir un service de qualité constante et fidéliser les collaborateurs dans un secteur en perpétuelle évolution comme celui du travail à temps partagé ?
La fidélité des collaborateurs est un vrai challenge à l'heure actuelle.
Je pense, ce n'est que mon avis, qu'il faut savoir être à l'écoute des besoins de ses salariés.
Cette année j'ai mis en place un CSE externalisé, il y a la mutuelle d'entreprise, les 15 ans ont été fêtés avec eux et leurs conjoints car il faut savoir être respectueux et humble devant le travail fournit lorsque celui-ci profite à la pérennité de la structure. Sans elles, je n'en serais pas là.
Je respecte leurs besoins également, par exemple, lors du recrutement je demande les temps de trajet et nombre d'heures qu'elles souhaitent effectuer et je vais tâcher de leur proposer des missions en adéquation avec cela. Sinon, on essaie de trouver des compromis. Finalement c'est comme le mariage !
Ecoute et bienveillance sont mes clés à moi.
Pour plus d'informations : https://www.frapadom.fr/